• Mode d'emploi :

    - Imprimez le texte ci-dessous.
    - Découpez le suivant les pointillés.
    - Lisez-le aux toilettes.
    - Ne faites pas attention aux malpolis qui tambourinent à la porte.


    -----------------------------------------------------
    Aller... Achaba d'entrar !
    "Finissez d'entrer" comme on dit par ici.
    Et asseyez-vous, ça risque de pas finir tout de suite.

    (au passage, vous aurez remarqué la promptitude du traducteur qui, poussé par un élan de professionnalisme et un verre de poire, s'est empressé d'accomplir sa tâche pour mieux poursuivre sa sieste.)

    Je vais donc vous conter, entre autre, la triste histoire d'un indigène bojatois, qui a la chance unique d'avoir une sorcière pour grand-mère.

    Mais avant tout... le décors :

    Dans nos campagnes corréziennes, la coutume était de bâtir des maisons dont la pièce principale,
    qui faisait office de lieu de vie, arborait une imposante "cheminée" connue sous le nom de "cantou".

    Le cantou, c'était tout à la fois : l'âtre, le chauffage, la cuisinière, le lieu de discussion des anciens,
    le coin où l'on rangeait Pépé après sa soupe, la vie, quoi...
    On pouvait s'y tenir debout sans courber l'échine... d'ailleurs, celle du porc y séjournait dans son
    bac à sel en compagnie des jarrets et autres saucisses de saison.

    Imaginez-vous le luxe : Une pompe, dans la maison, en liaison directe avec l'eau du puits, un abri pour garder le bois au sec, une cave avec un pressoir... et... un cantou.
    Le summum du bien être !

    Je sais, vous allez me dire : "Mais ça... c'était y'a longtemps !"

    Que nenni oualou !

    Le luxe est là où l'on veut bien qu'il soit, et la réalité d'un Empire State Building a autant de crédibilité, ici, qu'un streap-tease de Mireille Matthieu sur la Place Rouge un 1er janvier.

    Par chez nous, on sait tâter le cul des poules pour voir si elles vont pondre, comme on est capable de juger de la santé d'un veau rien qu'en lui soulevant la queue.
    En tout bien tout honneur, il va de soit.
    Quoi que...

    Donc, disais-je, il se trouve que cette divine réalité de l'Histoire se constate encore à moins de 100 mètres de chez moi.

    Là, dans une masure, qui n'a rien à envier à Bruno (*), vit la Mère Martignac (**) et son petit-fils.

    Ahhh ! Cette Mère... c'est UN quelqu'un !

    Bon... c'est vrai qu'elle fout la trouille à mes enfants.
    Mais, à sa simple évocation, ils mangent leur soupe !

    Aller... j'avoue : J'en ai un peu peur moi même.
    Comment ?
    Oui, va... j'en ai peur tout court.

    Depuis que je l'ai croisé, sa... heu... robe ?
    Hmmm... non.
    Tablier ?
    Je ne pense pas.
    Serpillière ?
    Pourquoi pas.
    Disons plutôt.... oripeau...

    Donc, depuis que je l'ai croisé avec ce fichu lui tenant lieu de chevelure, ces oripeaux qui ont du la voir naître et cette barbe qui caractérise la vaillance dont elle fait preuve... je dois reconnaître que la Mère Martignac inspire un sentiment difficile à définir et qui n'a rien d'exotique.

    Autant dire qu'elle en impose... et plus que le percepteur qui, lui aussi, ... en a peur. (couard !)

    96 balais que je vous dis !

    Hardi la bêche à la main, rompu au maniement de la pelle, elle pisse debout, appuyée sur sa canne,
    comme une pucelle de 20 ans qui craindrait de se faire féconder par une pâquerette !

    Oui, je sais ! Y'a plus d'pucelles de 20 ans.
    Quoi que...

    Imaginez-vous un instant vaquer à vos occupations quotidiennes dans votre jardin. Seul.
    Tout à coup, la Mère apparaît ! Là ! Juste derrière vous.
    Sans un bruit, elle est sorti de nulle part... son pack de soupe à la main :

    - "Piiiieeerrre.... pourriez-vous me dire combien de temps il faut que je fasse chauffer ça... ?
    Parce que... vous savez... c'est ma petite fille qui me l'a donné et avec ma vue..."

    Et là s'entame un long monologue que j'ai cent fois écouté ; d'abord avec attention, puis avec compassion, et aujourd'hui avec distraction... mais jamais tout seul.
    Cette dame hors du temps m'inspirait une certaine forme de pitié qui me faisait oublié qu'elle n'avait pas du connaître les bienfaits d'une douche depuis son invention.
    (heu... de la douche.)

    - "Oooohhh, mais vous savez, mon petit-fils est bien malaaaade et il n'a plus toute sa tête.
    Il y a quelques années, il a du faire un long séjour à l'hôpitaaal..."

    Cette histoire était devenue un leitmotiv chez elle.
    Et ce n'est que quelques mois après l'avoir subit pour la première fois que j'apprenais la vérité vrai
    à propos du séjour hospitalier de son petit-fils :

    C'était un soir d'hiver.
    La Mère dormait et le petit fils veillait sur le feu du cantou.
    Pour se réchauffer un peu plus, il n'avait pas hésité à s'armer en conséquence : une bombonne de prune fabriquée du jour par le bouilleur de cru.

    Autant vous dire qu'à ce stade de vieillissement, ce qui aurait du devenir un doux nectar pesait bien
    ses 70° d'alcool et devait contenir un taux d'éthanol à vous calmer un pachyderme entreprenant.

    Le "jeune homme" s'était donc mis en tête de faire honneur à ce breuvage et son zèle sans limite l'a tout naturellement conduit à tomber dans un coma éthylique... la tête la première dans les braises du foyer.

    Inutile de vous dire que cette expérience marque son bonhomme pour un bout de temps !
    Mouais... inutile, donc.

    De mémoire de voisins, un laps de temps relativement long se serait écoulé entre l'arrivée des secours et... "la chute".
    Le fait est qu'il s'en est remis... partiellement.
    Mais que c'est-il passé pendant ce "laps de temps" ?
    J'ai eu ouï dire que la Mère aurait professé quelques tours à sa manière et qu'une chouette aurait été
    clouée à la porte de la masure pour l'occasion.

    En ce qui me concerne, je ne crois pas en ces balivernes.
    Quoi que...
    Le regard perçant de la Mère à travers ses carreaux, ses apparitions soudaines, vêtu d'oripeaux,
    cette façon singulière de manier la quenouille, tout fait que je ne peux m'en battre les c...
    Désolé.

    De toute façon... je fais gaffe : le statut de crapaud ne m'inspire pas plus que celui d'escargot.

    (A suivre)

    (*) Pour nos amis québécois,
    Bruno Masure (19xx-on s'en fout)
    Présentateur du journal télévisé en France.
    Drag Queen en dehors des heures de bureau.

    (**) Madame Martignac (1914-20xx)
    Femme de sexe indéterminé, corrézienne de France, encore en vie à l'heure où j'écris cet article.


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  • Bonjour la Foule !

    Je tiens à vous dire tout de suite que ce qui va suivre n'a rien de drôle et encore moins de rigolo.

    C'est simplement pour votre culture générale que je fais ça.
    Et si après on de me décerne pas le prix du dévouement et de l'altruisme, je me fais... barman.

    J'ai volontairement anatopétisé la plus part des noms propres.
    Non pas que j'ai été menacé de quelque façon, mais cela m'a semblé utile pour des raisons de droit commun.

    Alors voilà...

    J'habite un petit village en Corrèze.

    Un tout petit village : Bojat.

    Oh, le fait qu'il soit tout petit n'est pas qu'une question de taille ; parce qu'avec tous les arbres fruitiers qui y poussent, cette activité... on connaît... et mieux qu'à Saint-Claude, "vige vaï" !
    (traduction immédiate : "Vois... vas !)

    Avant que de m'engager plus en avant dans l'histoire des caractères typiques qui forgent l'âme de ma bourgade, laissez moi vous présenter un peu mieux mon environnement, le sud de la Corrèze, vue par les globes idoines d'un anglo-saxon de bonne foi, j'ai nommé Sir Arthur Young (*) :

    "La beauté du pays, qui, entre Saint George et Brive, s'étend sur 34 miles, est si variée, et, à tous égards, si frappante et intéressante, que je ne m'attacherai pas à une description particulière. [...]
    Des vues d'une singulière beauté nous rivent au sol [...]
    Du haut de la colline, la vue de Brive est si belle que l'on s'attend à trouver une charmante petite ville,
    et le charme des environs vous confirme dans cet espoir ; mais, quand on y entre, la déception est de nature à vous inspirer un complet dégoût.
    Des rues étroites, mal bâties, sales, puantes, privent de soleil et presque d'air les maisons."

    Si c'est pas de l'objectivité, ça... ! Salaud d'anglais !

    Mais bon... je n'habite pas Brive et c'est encore heureux.

    Non... mon village est pire que ça !

    Vu de mes yeux à moi qui sont les miens et que c'est ma mère qui me les a donnés avec l'aide de mon père et de l'opticien qui m'a fait mes lunettes... il revêt des caractéristiques bien plus inquiétantes, voire surnaturelles :

    D'abord, ce bouge, de 3000 âmes, a un marché du dimanche qui détrône, et de loin, celui des villes environnantes de grande importance... dont Brive (hé hé hé !).

    Ensuite, son architecture offre, entre autre, la vue éblouissante d'une magnifique église dans le pur style... franc-comtois. Pas beau ça madame ?

    D'autre part, ce souk a réussit à s'inscrire dans la tournée "Eté 2000" de Johnny Halliday. Tout un poème...
    (vous y aurez droit, ne vous faites pas de soucis...)

    Et pour finir, si j'ose dire, sa population, aussi hétéro que clite, déploie une splendide mosaïque de culture, à dominante corrézienne (mais qui s'en serait douté...), qui offre un panel intéressant de sujets tout droit issues du début du siècle et bien d'autres qui mériteraient l'appellation "hors d'âge".

    Cette liste d'attributs étant non limitative, vous aurez tout loisir de découvrir ce merdi... heu... village au travers et en diagonales des mes narrations qui vont viendre dans pas longtemps et dont voici le premier épisode que vous lirez demain.

    A bientôt,


    (*) Sir Arthur Young (1741-1820)
    Homme de sexe masculin, anglais de Grande Bretagne, mort depuis son décès.


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